24/12/2013 - Intégrer
le Dharma à notre vie
Alexander
Berzin
Bok, Pologne, le 13 décembre 2002
Traduit par Pauline
M. Silbermann
Le
Dharma sert à s’occuper des problèmes de la vie
Ce soir, je
voudrais parler de la pratique du Dharma dans la vie quotidienne. Le
mot « Dharma » signifie « mesure préventive ». C’est quelque
chose que l’on entreprend pour éviter les problèmes. La première
chose dont nous avons besoin pour nous impliquer dans la pratique du
Dharma, c’est de reconnaître les différentes sortes de problèmes
ou de difficultés que nous avons dans la vie. La deuxième chose est
de nous rendre compte que la pratique du Dharma vise à nous aider à
nous débarrasser de ces problèmes.
La pratique du
Dharma ne consiste pas simplement à se sentir bien ou à avoir un
passe-temps agréable ou à suivre une mode, ou autre chose de ce
genre. La pratique du Dharma est là pour nous aider à nous
débarrasser de nos problèmes. Cela signifie que, afin de pratiquer
le Dharma de façon réaliste, nous avons besoin de nous rendre
compte que ce processus ne va pas être plaisant. Il faut que nous
regardions, et même que nous nous confrontions aux choses de notre
vie qui nous sont désagréables, aux difficultés que nous
rencontrons – ne pas prendre la fuite devant elles, mais plutôt y
faire face avec l’attitude de : « Bon, maintenant on va essayer de
gérer tout ça ».
Nos problèmes
peuvent prendre bien des formes. La plupart nous sont familières à
tous : nous manquons d’assurance ; nous avons des difficultés dans
nos relations avec les autres ; nous nous sentons à part ; nous
avons des difficultés à gérer nos émotions et nos sentiments –
bref, le fatras habituel que nous connaissons tous. Nous avons des
difficultés à nous arranger de notre famille et de nos parents ;
ils tombent malades et vieillissent. Nous avons des difficultés à
nous arranger de nos propres maladies et de notre âge. Et si nous
sommes encore jeunes, nous avons des difficultés à avoir une image
de ce que nous voulons faire de notre vie, comment la gagner, quelle
direction prendre, etc. Il faut que nous regardions toutes ces
choses.
La
confusion
L’un des points
les plus importants dans le bouddhisme consiste à se rendre compte
que tous ces problèmes que nous vivons, sont issus de causes. Ils ne
sont pas là sans aucune cause ; la source de ces problèmes se
trouve en nous-mêmes. Une telle compréhension est une grande chose
et n’est pas facile à accepter pour la plupart des gens. Cela,
parce que la plupart d’entre nous tendons à blâmer les autres, ou
la situation extérieure, pour nos problèmes. Nous avons le
sentiment que : « Je suis malheureux(se) à cause de toi – tu ne
m’as pas téléphoné ; tu m’as abandonné(e) ; tu ne m’aimes
pas. C’est de ta faute ». Ou alors, nous jetons la pierre à nos
parents pour ce qu’ils ont fait, ou n’ont pas fait, lorsque nous
étions enfants. Ou encore, nous accusons la situation économique ou
politique, la situation sociale, et ainsi de suite. Évidemment, tous
ces facteurs jouent un rôle dans notre vécu. Le bouddhisme ne le
nie pas, mais la cause principale – la cause profonde de nos
problèmes – se trouve à l’intérieur de nous-mêmes : il s’agit
de nos attitudes mentales et, surtout, de notre confusion.
Si nous voulons
trouver un facteur qui définit clairement l’attitude d’un
pratiquant du bouddhisme, ou le sens de la pratique du bouddhisme
dans la vie quotidienne, je dirais que c’est bien celui-ci :
lorsque nous éprouvons des difficultés, nous tournons notre regard
vers l’intérieur de nous-mêmes pour essayer d’y trouver la
source et, une fois que nous l’avons identifiée, nous essayons de
changer la situation à partir de l’intérieur. Lorsque nous
parlons de tourner notre regard vers l’intérieur pour y trouver la
source de nos problèmes, ce n’est pas basé sur un jugement moral
que l’on a rendu, comme : « Je suis mauvais(e) et je dois changer
pour devenir bon(ne) ». Le bouddhisme ne porte pas de jugement
moral. Si nous essayons de localiser la source de notre problème à
l’intérieur de nous-mêmes, c’est simplement parce que nous
souffrons et que nous voulons nous débarrasser de nos problèmes et
de notre malheur, et que c’est notre propre attitude qui en est la
source principale. Le Bouddha a dit précisément que la cause la
plus profonde de nos problèmes et de notre souffrance est due à
notre confusion. Donc, ce dont nous avons besoin, c’est de
découvrir en quoi nous sommes confus au regard de ce qui se passe,
et en quoi nous pouvons corriger cette confusion par l’acquisition
de la compréhension correcte des choses.
Sur quoi porte
notre confusion ? Elle porte sur plusieurs choses. Les causes et les
effets comportementaux en sont une. Par exemple, nous croyons que si
nous agissons d’une certaine manière, cela restera sans aucun
effet. Par exemple, nous croyons que : « Je peux arriver en retard,
t’ignorer et ainsi de suite, et ça ne fait rien ». Ceci est faux
et relève de la confusion. Ou encore, nous croyons que tel acte que
nous effectuons, ou tel comportement que nous adoptons, va avoir un
certain effet, lequel est absurde et ne peut se produire en aucun
cas. Par exemple : « J’ai été gentil avec toi, alors maintenant,
tu vas m’aimer. Je t’ai acheté un joli cadeau, alors pourquoi ne
m’aimes-tu pas ? » Avec ce genre de pensées, nous imaginons que
nos actes et comportements vont avoir un effet impossible, ou alors
nous gonflons leur importance de sorte que nous croyons qu’ils vont
produire un effet plus important qu’il n’est possible. Nous
croyons aussi que certaines choses vont avoir un certain type
d’effet, alors qu’en réalité, elles produisent exactement le
contraire. Un autre exemple : nous voulons être heureux, alors nous
croyons que pour être heureux, il suffit de se saouler tout le
temps. Mais ceci amène seulement davantage de problèmes que de
bonheur …
L’autre chose à
propos de laquelle nous sommes dans la confusion, c’est la façon
dont nous existons, dont les autres existent et dont le monde existe.
Par exemple, nous souffrons de vieillir et de tomber malades, et cela
nous rend malheureux. Mais à quoi d’autre peut-on s’attendre, en
tant qu’être humain ? Les êtres humains tombent malades, ils
vieillissent – à moins de mourir jeunes. Ces choses ne sont pas
une grande surprise. Quand on commence à voir les cheveux gris dans
le miroir et que cela nous rend malheureux et nous fait un choc, ce
n’est pas réaliste, c’est de la confusion à propos de la façon
dont le monde existe, à propos de la façon dont nous existons.
Disons que nous
avons un problème avec la vieillesse. À cause de notre confusion à
ce sujet – notre non-acceptation de la réalité de la vieillesse –
nous agissons de façon destructrice sous l’influence d’émotions
et d’attitudes perturbatrices. Par exemple, le fait d’essayer
compulsivement d’avoir l’air jeune et attirant(e) nous fait agir
dans le désir nostalgique d’essayer d’obtenir des choses qui,
nous l’espérons, nous donneront de l’assurance – comme
l’attention et l’amour des autres, surtout des plus jeunes que
nous trouvons attirant(e)s. Ce syndrome recouvre en général la
confusion selon laquelle : « Je suis la personne la plus importante
au monde, je suis le centre de l’univers. Donc, tout le monde
devrait s’occuper de moi. Peu importe de quoi j’ai l’air, tout
le monde devrait me trouver attirant(e) et m’aimer ». Nous
devenons fous (folles) si quelqu’un ne nous trouve pas attirant(e)s
ou ne nous aime pas. Et nous devenons encore plus fous (folles) si
les autres nous ignorent – s’ils ou elles ne font pas attention à
nous, alors que nous aimerions qu’ils ou elles nous trouvent
attirant(e)s, sinon physiquement, au moins autrement. Mais tout le
monde n’aimait pas Bouddha Shakyamouni non plus ; alors, quel
espoir y a-t-il pour que tout le monde nous aime !
Notre souhait
d’être aimé(e)s par tout le monde procède d’une attente
irréaliste. Ce n’est pas la réalité. C’est basé sur la
confusion, le désir nostalgique et l’attachement selon lesquels
tout le monde devrait nous trouver attirant(e)s et faire attention à
nous. L’attitude perturbatrice de la naïveté est ici
sous-jacente. Nous nous sentons tellement important(e)s et nous nous
trouvons tellement adorable(s) que tout le monde devrait nous aimer
et que, forcément, il doit y avoir quelque chose qui ne va pas chez
celui ou celle qui ne nous aime pas. Et pire, nous commençons à
douter de nous-mêmes : « Il y a sans doute quelque chose qui ne va
pas chez moi pour que cette personne ne m’aime pas » et nous nous
sentons mal à l’aise ou coupables. Tout cela est de la naïveté.
Donc, le plus
important est le travail sur soi. Et c’est bien le propos de la
pratique du Dharma. Quelle que soit la situation – si nous avons
des difficultés, si nous manquons d’assurance ou quoi que ce soit
d’autre, regardons en nous ce qui se passe. Où est la confusion
derrière les émotions perturbatrices que je ressens ? Cependant, si
nous prenons une relation dans laquelle nous nous trouvons et qui
présente des problèmes, nous avons également besoin de nous rendre
compte que nous ne sommes pas le ou la seul(e) à être dans la
confusion. De toute évidence, l’autre personne aussi est dans la
confusion. Il s’agit de ne pas dire simplement : « Il faut que tu
changes ; tout ce que je fais est bien et parfait ; c’est toi qui
dois changer ». D’un autre côté, on ne dit pas non plus que «
je suis le ou la seul(e) qui doit changer », parce que ça peut
dégénérer en complexe de martyr. On essaie de discuter les choses
ouvertement avec l’autre personne – bien qu’il faille,
évidemment, que la personne y soit réceptive. Il est nécessaire de
reconnaître que les deux sont dans la confusion. Il y a un problème
pour tous les deux dans la façon dont nous comprenons ce qui se
passe dans la relation, alors tâchons d’éclaircir la confusion
qui est en nous deux. C’est la façon la plus réaliste et la plus
« dharmique » de procéder.
Comprendre
le Dharma avant de le mettre en pratique
Il y a beaucoup de
différentes sortes de pratiques bouddhiques. Il ne suffit pas de
recevoir des instructions sur la façon de les exécuter, comme on
apprend à exécuter quelque tour de passe-passe. Pour toute
pratique, il est très important de comprendre en quoi elle va nous
aider à surmonter les difficultés. Nous devons apprendre, non
seulement quand et comment appliquer la pratique, mais aussi ce
qu’elle suppose. Ceci veut dire que nous ne commençons pas par les
pratiques avancées. Nous commençons par le commencement et posons
les fondements pour savoir, à partir de la séquence sur laquelle
les enseignements du Dharma sont construits, ce qui se passe au cours
de toute pratique.
Maintenant il est
vrai que nous lisons des enseignements qui disent : « Si on te donne
un médicament, ne demande pas comment il marche, prends-le ! » Même
si c’est un bon conseil, il faut que nous comprenions que c’est
une mise en garde contre un extrême. Un extrême qui consiste à se
contenter d’étudier et à s’efforcer de comprendre les
enseignements, mais sans jamais mettre en pratique ce que l’on
apprend. Nous voulons éviter cet extrême. Quant à l’autre
extrême, il ne faut pas moins l’éviter. C’est-à-dire, lorsque
l’on entend des instructions sur des pratiques du Dharma, alors,
avec une foi aveugle, les suivre sans éprouver le besoin de
comprendre ce que l’on fait et pourquoi. Le problème principal
résultant de cet extrême est que l’on ne comprend pas vraiment
comment appliquer ces instructions à la vie quotidienne. Si nous
comprenons le sens de ce qui se trouve derrière toute pratique –
si nous comprenons comment elle marche et vers quoi elle tend –
alors, nous n’avons pas besoin que quelqu’un d’autre nous dise
comment appliquer les instructions dans la vie quotidienne. Nous les
comprenons et savons nous-mêmes comment les appliquer.
Quand on parle
d’éliminer ses problèmes, on ne parle pas seulement d’éliminer
ses problèmes personnels, on parle aussi de se débarrasser des
difficultés que l’on a à aider les autres. « J’ai des
problèmes pour aider les autres à cause de ma paresse, ou de mon
égoïsme, ou parce que je suis trop occupé(e) ». Ou encore : « Je
ne comprends absolument pas ton problème et n’ai aucune idée de
ce que je peux faire pour t’aider ». C’est là notre grande
difficulté, n’est-ce pas ? Toutes ces difficultés à venir en
aide aux autres sont aussi dues à notre confusion. Par exemple, la
confusion que je devrais être comme le Dieu Tout-Puissant et qu’un
claquement de doigts devrait suffire pour résoudre tous tes
problèmes, et si je n’ai pas résolu tous tes problèmes, c’est
qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez toi. Tu n’as pas fait
ce qu’il fallait, alors c’est de ta faute. Ou alors, c’est de
ma faute, parce j’aurais dû être capable de résoudre tes
problèmes et je ne l’ai pas fait, alors je suis nul(le). De
nouveau, c’est de la confusion concernant la cause et l’effet.
La
conviction dans le Dharma
Un autre point
important est que pour être capable d’appliquer le Dharma
efficacement et d’une façon non névrosée dans la vie
quotidienne, il est nécessaire d’avoir la conviction qu’il est
effectivement possible de se débarrasser de ses problèmes. Nous
devons nous persuader qu’il est possible de nous débarrasser de la
confusion en suivant l’approche fondamentale du bouddhisme : pour
se débarrasser de quelque chose, il faut éliminer les causes qui
font que cette chose survient. Mais bien sûr, il est difficile de
gagner la conviction ferme et profonde qu’il est possible
d’éliminer sa propre confusion de sorte qu’elle ne revienne
jamais plus, et qu’il est possible aussi d’arriver à la
libération et à l’illumination. Ceci est d’autant plus
difficile si l’on ne sait même pas ce que sont vraiment la
libération et l’illumination. Alors dans ce cas, comment peut-on
vraiment considérer la possibilité de les atteindre ? Si l’on ne
pense pas que ce soit possible, n’est-ce pas un peu hypocrite que
de viser à atteindre quelque chose que l’on croit ne pas exister ?
Cela devient alors une sorte de jeu insensé que nous jouons là ;
notre pratique du Dharma n’est pas « pour de vrai ».
Il faut que nous
soyons vraiment persuadés, et cela requiert beaucoup d’étude et
de compréhension, ainsi que de réflexion et de méditation
profondes. Nous devons devenir convaincus que non seulement la
libération et l’illumination sont possibles, mais qu’en plus, il
m’est possible de les atteindre. Non pas que ce fut possible pour
Shakyamouni seulement et que pour moi ce n’est pas possible, mais
bien plutôt qu’il est possible pour moi d’y arriver et qu’il
est possible à tout le monde aussi d’y arriver. Nous devons
comprendre ce qu’il faut faire pour nous débarrasser de notre
confusion. Qu’est-ce qui va vraiment nous en débarrasser ? Ce qui
va vraiment nous en débarrasser, c’est une compréhension correcte
; donc, nous devons comprendre en quoi une compréhension correcte
peut désarçonner la confusion et l’éliminer de sorte qu’elle
ne revienne jamais. Il résulte de tout cela que, de toute évidence,
le véritable lieu de travail de la pratique du Dharma, c’est la
vie quotidienne ; c’est gérer nos problèmes, notre confusion, nos
difficultés dans la vie, à chaque instant.
La
pratique du Dharma requiert de l’introspection
La pratique du
Dharma n’est pas simplement un temps hors de notre vie où l’on
se retire dans une jolie grotte tranquille ou dans une chambre et où,
assis sur un coussin, nous échappons aux problèmes de la vie.
Trouver une échappatoire n’est pas le fort de la pratique du
bouddhisme. Si nous allons dans un endroit tranquille pour méditer,
c’est pour développer les aptitudes dont nous avons besoin pour
nous occuper des problèmes que nous avons dans notre vie. C’est la
vie qui est le point de mire. Il ne s’agit pas de gagner la
médaille olympique du « rester-assis-en-méditation » ! La
pratique du Dharma consiste à appliquer le Dharma à la vie.
De plus, la
pratique du Dharma est introspective. Nous tâchons d’être
attentifs (attentives) à nos états affectifs, nos motivations, nos
attitudes mentales, nos schémas de comportements compulsifs. Nous
tâchons en particulier de dépister nos émotions perturbatrices. La
caractéristique qui définit une émotion perturbatrice ou une
attitude perturbatrice est que, lorsqu’elle survient, elle fait que
nous, ou les autres, ressentons un malaise. Nous perdons la
tranquillité d’esprit et la maîtrise de nous-mêmes. C’est une
définition très utile, parce que le fait de la connaître nous
permet de reconnaître les cas où nous agissons sous l’influence
de l’une d’entre elles. Nous savons que si nous nous sentons mal
à l’aise, c’est parce que quelque chose de dérangeant est en
train de se passer dans notre esprit. À de tels moments, nous devons
vérifier ce qui se passe à l’intérieur de nous et appliquer les
antidotes pour le corriger.
Cela exige que
nous devenions très sensibles à ce qui se passe à l’intérieur
de nous. Et pour pouvoir faire quelque chose qui change notre état
affectif, si nous le ressentons comme perturbant, il faut que nous
nous rendions compte que si nous agissons d’une façon perturbée
et perturbante, nous allons provoquer beaucoup de malheur, à la fois
pour nous-mêmes et pour les autres. Ce n’est pas ce que nous
voulons ; on en a déjà assez comme ça. Et si l’on perd
contenance, comment peut-on venir en aide à autrui ?
De
la souplesse d’esprit
La pratique du
Dharma requiert aussi que l’on se familiarise avec beaucoup de
forces d’oppositions différentes, pas seulement une ou deux. Notre
vie est très complexe et un antidote particulier ne va pas marcher à
tous les coups. Une certaine pratique ne va pas être la plus
efficace dans chaque situation. Pour être vraiment en mesure
d’appliquer les choses dans la vie quotidienne, une grande
souplesse d’esprit et beaucoup de méthodes différentes sont
requises. Si ceci ne marche pas, alors nous faisons cela ; si cela ne
marche pas, alors nous faisons ceci.
Mon professeur,
Tsenshab Serkong Rinpotché, avait l’habitude de dire que si l’on
essaie de faire quelque chose dans la vie, il faut toujours avoir
deux ou trois plans de rechange. Alors, si le plan A ne marche pas,
on n’abandonne pas la partie. Parce que l’on a en réserve le
plan B et le plan C. L’un d’entre eux finira bien par marcher. Ce
conseil m’a été très utile. C’est la même chose avec le
Dharma : si la méthode A ne marche pas dans une certaine situation,
nous avons toujours un plan en réserve, il y a d’autres choses
vers lesquelles nous pouvons nous tourner. Tout cela est évidemment
basé sur l’étude, sur l’apprentissage de différentes méthodes
et méditations auxquelles nous nous exerçons en guise de
préparation, comme on le fait pour un entraînement physique. On
travaille pour s’entraîner à se familiariser avec ces méthodes
afin de pouvoir effectivement les appliquer dans la vie quotidienne
lorsque l’on en a besoin. Pour cela, il ne faut pas considérer la
pratique du Dharma comme un passe-temps, car elle exige une
implication à plein temps.
Éviter
les extrêmes
Nous appliquons la
pratique du Dharma dans notre famille. Nous l’appliquons dans nos
relations avec nos parents, avec nos enfants, avec les gens à qui
nous avons à faire dans le travail. Ce faisant, nous veillons à
éviter différents extrêmes. Nous avons déjà évoqué ce sujet.
Il faut que nous évitions l’extrême qui consiste à rendre autrui
responsable de nos problèmes, ou à prendre sur nous l’entière
responsabilité de la situation – les deux côtés y contribuent.
On peut essayer de faire changer les gens mais il est plus facile de
changer soi-même.
L’amélioration
personnelle, donc, est au centre de notre travail ; mais en même
temps, nous essayons d’éviter l’extrême de la préoccupation
narcissique. La préoccupation de soi fait que nous restons fixés
sur nous-mêmes et que nous n’accordons d’attention à personne
d’autre. Cela peut renforcer le sentiment que nous sommes le centre
de l’univers et que nos problèmes sont les plus importants au
monde, que les problèmes des autres sont sans importance et qu’ils
sont indolores.
Un autre extrême
consiste à penser que nous sommes complètement mauvais ou
complètement bons. Il est vrai que nous avons besoin de reconnaître
nos côtés difficiles, les côtés sur lesquels nous devons
travailler. Mais nous avons aussi besoin de reconnaître nos côtés
positifs, nos qualités positives, afin de pouvoir les développer
toujours davantage. Nous, les Occidentaux, avons souvent peu
d’amour-propre. Si nous nous concentrons trop sur nos problèmes et
sur notre confusion, cela peut facilement renforcer ce peu
d’amour-propre. Ce n’est pas du tout notre propos.
Nous surveillons
nos émotions perturbatrices en même temps que nous les
contrebalançons en nous remémorant nos qualités positives. Même
les gens les plus cruels ont éprouvé quelque qualité positive.
Sans aucun doute ont-ils fait l’expérience de tenir un chiot ou un
chaton sur les genoux, de le caresser et de ressentir un peu de
chaleur à son endroit. Presque tout le monde a au moins vécu cette
expérience. Ainsi, à travers ce genre d’expérience, nous
reconnaissons que nous sommes capables de donner un peu de chaleur
comme dans ce cas et, de cette façon, nous voyons aussi nos côtés
positifs. La pratique du Dharma ne consiste pas seulement à
travailler sur nos côtés négatifs ; elle doit être équilibrée.
Nous devons aussi travailler à renforcer nos côtés positifs.
Ce faisant, tout
en tâchant de maintenir un équilibre entre l’observation de nos
déficiences et de nos qualités positives, nous nous gardons d’un
autre ensemble d’extrêmes. Un extrême est celui de la culpabilité
: « Je suis mauvais(e). Je devrais pratiquer, et puisque je ne le
fais pas, je suis encore pire ». Il est nécessaire d’éliminer ce
« devrais » de notre façon de voir la pratique du Dharma. Ce n’est
jamais du domaine du « devrais ». Si nous voulons nous débarrasser
des problèmes que nous avons et éviter d’en avoir d’autres dans
le futur, l’attitude la plus saine est de penser simplement : « Si
je veux me débarrasser de mon problème, cette pratique va me le
permettre ». Maintenant, que nous fassions la pratique ou pas,
relève de notre choix. Il n’y a personne pour dire : « Tu devrais
faire ceci et si tu ne le fais pas, tu es mauvais(e) ».
Mais il est
nécessaire aussi d’éviter l’autre extrême qui est celui de : «
Nous sommes tous parfaits ; tu n’as qu’à voir ta nature de
bouddha et tout est pour le mieux ». C’est un extrême qui est
très dangereux, parce qu’il peut mener à l’attitude selon
laquelle nous n’avons pas besoin de changer ; nous n’avons pas
besoin de faire cesser ni d’abandonner aucun de nos comportements
négatifs, parce que nous sommes déjà parfaits. Il est nécessaire
d’éviter ces deux extrêmes – se sentir mauvais, ou se sentir
parfaits. En fait, ce dont nous avons besoin, c’est de nous prendre
en charge. C’est la clé principale qui nous permet d’intégrer
le Dharma à notre vie quotidienne. Nous prenons sur nous de faire
quelque chose pour la qualité de notre vie.
L’inspiration
Tout
en travaillant sur nous-mêmes, nous pouvons nous inspirer de
professeurs spirituels et de la communauté des personnes qui
pratiquent avec nous. Mais pour la plupart des gens, des récits
fabuleux rapportant qu’il y a quelques siècles, des maîtres
pouvaient se déplacer dans les airs, ne représentent pas, de la
part des professeurs, une source stable d’inspiration. La raison
est qu’il est vraiment difficile de s’identifier à de telles
choses et qu’elles tendent à nous conduire tout droit dans
le trip de
la magie. Les meilleurs exemples sont des personnes en chair et en os
avec qui nous avons des contacts, même si ces contacts sont minimes.
Les bouddhas et
les professeurs qualifiés n’essaient pas de nous impressionner,
pas plus qu’ils n’essaient de nous inspirer. On prend pour
exemple le soleil, on dit qu’ils sont comme le soleil. Le soleil
n’essaie pas de donner de la chaleur aux gens ; par sa façon
d’être, il donne naturellement de la chaleur aux autres. Il en va
de même avec les grands professeurs spirituels. Ils nous inspirent
spontanément et naturellement à travers leur façon d’être dans
la vie, leur caractère, la manière dont ils s’occupent des
choses, et non pas par des tours de magie. Le plus inspirant, c’est
ce qui est le plus réaliste et terre-à-terre.
Je me souviens de
Dudjom Rinpotché. Il est décédé il y a plusieurs années. Il
était à la tête de la lignée Nyingmapa et était l’un de mes
professeurs. Il avait un asthme épouvantable. Moi aussi j’ai de
l’asthme et, donc, je sais ce que c’est que d’avoir des
difficultés à respirer. Je sais comme il est difficile d’enseigner
quand on ne peut pas respirer normalement, parce qu’il faut diriger
toute son énergie vers l’intérieur pour recevoir assez d’air.
Il est donc très difficile, dans cette situation, de diriger son
énergie vers l’extérieur. Oui, je voyais Dudjom Rinpotché, en
proie à une crise d’asthme terrible, monter sur l’estrade et
enseigner. Il n’était pas dérangé le moins du monde par son
asthme et s’en accommodait d’une façon incroyable tout en
prodiguant des enseignements d’une qualité extraordinaire. C’est
ce qui était incroyablement inspirant, très terre-à-terre, pas de
tour de passe-passe. C’est faire avec les situations réelles de la
vie, et c’est ça qui est inspirant.
Au fil de la voie
spirituelle et de nos progrès, nous pouvons aussi nous inspirer de
nous-mêmes. Voilà qui est aussi une importante source
d’inspiration. Nous obtenons de l’inspiration de notre propre
progrès. Mais pour cela il faut être très sensible. La plupart des
gens ne supportent pas ce facteur sur le plan affectif, parce que la
tendance est de devenir arrogants et fiers quand on fait des progrès.
Donc, il faut définir avec circonspection ce que l’on veut dire
par « progrès ».
Le
progrès sur la voie
Avant
tout, nous devons nous rendre compte que le progrès n’est jamais
linéaire ; il y a des hauts et des bas, et des bas et des hauts.
C’est l’une des caractéristiques principales du samsara,
et ne concerne pas seulement les renaissances plus hautes et plus
basses. Les hauts et les bas se réfèrent aussi à la vie
quotidienne. Tantôt je suis heureux, tantôt je suis malheureux. Nos
humeurs connaissent des hauts et des bas. Tantôt j’ai envie de
pratiquer, tantôt je n’en ai pas envie – ça monte et ça
descend tout le temps. Alors il ne faut pas s’étonner. En fait, ça
va continuer comme ça jusqu’à ce que nous devenions un arhat,
un être libéré dusamsara.
Jusque-là, ce qui est un stade incroyablement avancé, lesamsara va
continuer à monter et à descendre. Alors, que l’on ne se
décourage pas si, après avoir pratiqué très longtemps, on
rencontre soudain des difficultés dans une relation sentimentale.
D’un seul coup, nous sommes bouleversés sur le plan affectif –
ça arrive ! Cela ne veut pas dire que nous soyons un pratiquant
épouvantable. C’est juste naturel, étant donnée la réalité de
notre condition samsarique.
Dans la pratique
du Dharma, il n’y a normalement pas de miracle. Si nous voulons
appliquer le Dharma à notre vie quotidienne, que l’on ne s’attende
pas aux miracles, surtout en ce qui concerne nos progrès. Comment
mesure-t-on le progrès de façon réaliste ? Sa Sainteté le
Dalaï-Lama dit qu’il ne faut pas juste regarder en termes d’une
ou deux années de pratique du Dharma. On regarde en termes de cinq
ou dix ans de pratique pour vérifier : « Suis-je plus calme qu’il
y a cinq ou dix ans ? Suis-je capable de traiter des situations plus
difficiles sans être contrarié(e) ou me laisser dépasser par elles
? » Si c’est le cas, alors nous avons fait quelques progrès et
c’est inspirant. Nous avons encore des problèmes, mais cela nous
donne de la force pour continuer. Nous ne sommes pas aussi
contrarié(e)s lorsque les choses vont mal dans des situations
difficiles. Nous sommes capables de nous en remettre plus rapidement.
Quand nous parlons
de nous-mêmes en tant que source d’inspiration, l’important est
que cette inspiration nous donne la force de continuer sur la voie.
Cela, parce que nous sommes persuadés que nous allons dans la bonne
direction. Et nous ne pouvons être persuadés d’aller dans la
bonne direction que parce que nous avons une idée réaliste de ce
que signifie aller dans cette direction – c’est-à-dire que, tout
en maintenant ce cap en général, nous monterons et descendrons
continuellement.
Voilà quelques
idées d’ordre général pour intégrer la pratique du Dharma dans
notre vie quotidienne. J’espère qu’elles peuvent avoir une
certaine utilité. Merci à vous.
Anglais
Integrating
Dharma into Our Lives
Alexander
Berzin
Bok, Poland, December 2002
edited
transcript
Dharma Is
for Dealing with Problems in Life
This
evening, I’d like to speak about the practice of Dharma in daily
life. The word Dharma means
a preventive measure. It’s something that we do in order to avoid
problems. The first thing that we need to do in order to involve
ourselves with Dharma practice is to recognize the various types of
problems or difficulties we have in life. The next is to realizethat
Dharma practice is aimed at helping us to get rid of these problems.
The practice of
Dharma is not just to feel good, or to have a nice hobby, or to be
trendy, or anything like that. The practice of Dharma is intended to
help us get rid of our problems. That means that in order to practice
Dharma realistically, we need to realize that it’s not going to be
a pleasant process. We have to look at and actually face the
unpleasant things in our lives, the difficulties we’re having –
not run away from them, but rather face them with the attitude that
now we’re going to try to deal with them.
Our problems can
take many forms. We are all familiar with most of them – we’re
insecure; we have difficulties in our relationships with others; we
feel alienated; we have difficulties with our emotions and feelings –
the usual stuff we all have. We have difficulties dealing with our
families and with our parents; they get sick and old. We have
difficulties dealing with our own sicknesses and old age. And if
we’re a young person, we have difficulties in figuring out
what we’re going to do with our lives, how to make a living, which
direction to go in, and so on. We need to look at all such things.
Confusion
One of the most
important points in Buddhism is to realize that these problems we all
experience arise from causes. It’s not that they’re there
because of no cause at all. The source of these problems is within
ourselves. This is a big insight and not easy for most
people to accept. This is because most of us tend to place the blame
for our problems on other people or on external situations. We feel,
“I’m unhappy because of what you did – you didn’t call me;
you abandoned me; you don’t loveme. It’s all your fault.”
Or we put the blame on our parents – on what our parents did or
didn’t do to us when we were little children. Or we place the blame
on the economic situation or the political situation, social
situation, and so on. Now of course, all these factors play a role in
our experience of life. Buddhism doesn’t deny that. But the main
cause, the deeper cause of our problems, is within ourselves – it’s
our own attitudes, especially our confusion.
If we want to find
one factor that clearly defines the Buddhist attitude concerning what
it means to practice Buddhism in daily life, I would say it is this.
When we’re having difficulties, we look within ourselves to try to
find the source and, once we identify it, we try to change the
situation from within. When we talk about looking within and finding
the source of our problems, it’s not based on having made a moral
judgment that I’m a bad person and I have to change and be good.
Buddhism does not make moral judgments. We try to locate the source
of our problems inside simply because we suffer and want to get rid
of our problems and unhappiness, and the main source of them is our
own attitudes. Specifically, Buddha said the deepest cause
of our problems and suffering is our confusion. So, what we need to
do is to discover how we’re confused about what’s going on and
how we can correct that by gaining correct understanding.
What is our
confusion about? It’s about several things. One is behavioral
cause and effect. We think that if we act in a certain way that it's
going to have no effect at all. For example, we think, “I can be
late, ignore you, and so on, and it doesn’t matter.” That’s
wrong; that’s confused. Or we think that something we do or how we
behave is going to have a certain effect that is absurd and couldn’t
possibly happen. For instance, “I was nice to you and so you’ll
love me in return. I bought you a nice present, so why don’t you
love me now?” With thoughts like these, we imagine that our actions
and behavior are going to have an impossible effect or we inflate
them, thinking that they’re going to produce more of an effect than
they possibly could. Also, we might think that certain things are
going to bring about one type of effect; whereas, in fact, they bring
about the exact opposite. For instance, we want to be happy and so we
think that the way to become happy is to get drunk all the time.
But this just produces more problems than happiness.
The other thing
that we are confused about is how we exist, how others exist, and how
the world exists. For example, we suffer and become unhappy at
growing old and getting sick. But what else do we expect as human
beings? Human beings get sick and human beings grow old, unless we
die young – these things are no big surprise. When we start seeing
gray hair in the mirror and we’re unhappy and shocked about it,
this is being unrealistic and confused about how the world exists,
about how we exist.
Let’s say we
have a problem with growing older. Because of our confusion about
that – our not accepting the reality of it – we act
indestructive ways under the influence of disturbing emotions
and attitudes. For example, compulsively trying to look young and
attractive, we act with longing desire to try to get things
that we hope will make us secure – like the attention and
love of others, especially of younger people whom we find attractive.
Behind this syndrome usually lies the confusion that I am the most
important person in the world; I’m the center of the universe. So
everybody should pay attention to me. Regardless of what I look like,
everybody should find me attractive and like me. It drives us crazy
if someone doesn’t find us attractive or they don’t like us. It
drives us even more crazy if they ignore us – if they don’t pay
attention to us when we would like them to find us attractive, if not
physically, at least in some way. But, not everybody
likedShakyamuni Buddha; so what hope is there that everyone is
going to like us!
Our wish to be
liked by everyone is an unrealistic expectation. It’s not reality.
It’s based on confusion, longing desire, and attachment that
everybody should find us attractive and pay attention to us.
Underlying it is the disturbing attitude of naivety.
We think that we are so important and loveable that everybody should
like us, so there must be something wrong with this person if he or
she doesn’t like me. Or worse, we start doubting ourselves:
“There’s something wrong with me that’s causing this person not
to like me,” and so we feel bad or guilty. This is all naivety.
The main thing,
then, is working on ourselves. This is what Dharma practice is all
about. No matter what the situation is – if we are having
difficulties, feeling insecure, or whatever, we need to look in
ourselves to see what’s going on. Where is the confusion behind
these disturbing emotions I’m feeling? However, if we’re looking
at a relationship we’re in that’s developed problems, we also
need to realize that we’re not the only one with confusion.
Obviously, the other person has confusion as well. The point is that
we don’t just say, “You have to change; everything I’m doing is
fine and perfect; you are the one who has to change.” On the other
hand, we don’t say that I’m the only one that has to change
either, because that can degenerate into a martyr complex. We try to
discuss things openly with the other person – although, of course,
the person needs to be receptive to this. We need to acknowledge that
both of us are confused. There’s a problem in both of us in terms
of how we’re understanding what’s going on in our relationship,
so let’s try to clear up the confusion in both of us. This is the
most realistic and Dharmic way in which to proceed.
Understanding
the Dharma before Putting It into Practice
There are many
different types of Buddhist practice. It’s not sufficient merely to
get instructions on how to perform them like learning how to perform
some trick. It’s very important to understand, with any practice,
how is it going to help us in overcoming difficulties. We need to
learn not only when and how to apply the practice, but also the
assumptions behind it. This means that we don’t start with advanced
practices. We start from the beginning and build up a foundation, so
that we know, from the sequence of how the Dharma teachings build up,
what’s going on with any practice.
Now, it’s true
that we do read teachings that say, “If you’re given a medicine,
don’t ask questions about how it works, just take the medicine!”
Although this is a good piece of advice, we need to understand that
it’s warning against an extreme. The extreme is just to study and
try to understand the teachings, but never to put anything we learn
into practice. We want to avoid that extreme. There is also the other
extreme, however, which we equally need to avoid. That is when we
hear some Dharma instructions concerning some practice, then, with
blind faith, just doing it without having any understanding of what
we’re doing or why. The main problem that comes from that extreme
is that we never really understand how to apply the practice to daily
life. If we understand the point behind any practice – if we
understand how it works and what its intention is – then
we don’t need someone else to tell us how to apply it in daily
life. We understand and we know how to apply it ourselves.
When we talk about
eliminating our problems, we’re talking not only about eliminating
just our own personal problems, we’re also talking about getting
rid of the difficulties we have in helping others. “I have problems
helping others because of laziness or selfishness, or because of
being too busy.” Or, “I just don’t understand what your problem
is and I have no idea of what to do to help you.” That’s the big
difficulty we have, isn’t it? All of these difficulties in helping
others are also because of our confusion. For instance, the confusion
that I should be like Almighty God and all I have to do is one thing
and that’s going to solve all your problems; and if it didn’t
solve all your problems, there’s something wrong with you. You
didn’t do it right, so you’re guilty. Or I’m guilty, because I
should have been able to solve your problems and I didn’t, so I’m
no good. Again, it’s confusion about cause and effect.
Conviction
in the Dharma
Another point is
that to be able to apply the Dharma effectively in daily life in a
non-neurotic way, we also need to have the conviction that it is
possible actually to get rid of our problems. We must be convinced
that it is possible to get rid of our confusion by following the
basic Buddhist approach: to get rid of something, we need to
eliminate the causes that make it occur. But, of course, it’s very
difficult to gain deep, firm conviction that it is possible
to eliminate all our confusion so that it never recurs, and also firm
conviction that it is possible to gain liberation and
enlightenment. This is especially difficult when we don’t even
understand what liberation and enlightenment really are. So how can
we really consider whether it’s possible or not to achieve them? If
we don’t think they’re possible, isn’t it a bit hypocritical to
aim to achieve something that we don’t think even exists? Then it
becomes some sort of crazy game that we’re playing; our Dharma
practice is not for real.
We have to be
really convinced, and this requires a lot of study and understanding,
as well as deep thought and meditation. We must be convinced
that not only are liberation and enlightenment possible; but also
that it’s possible for me to achieve them. Not that it was possible
only for Shakyamuni to achieve them, but I can’t do it. But rather,
it’s possible for me to achieve them, and it’s possible for
everybody to achieve them as well. We must understand what it is that
we have to do to get rid of our confusion. What is it that will
really rid us of it? What will really rid us of confusion is correct
understanding; and so we have to understand how correct understanding
can overpower confusion and eliminate it so that it never returns. As
the result of all of this, we see that the actual working place of
Dharma practice is daily life; it’s dealing with our problems, our
confusion, and our difficulties in life frommoment to moment.
Dharma
Practice Requires Introspection
Dharma practice is
not simply time out from life, going to a nice, quiet meditation
cave, or even just to our room, and sitting on a cushion to escape
having to deal with our lives. Escaping is not the focus of Dharma
practice. When we go to a quiet place to meditate, we do so in order
to build up the skills we need to deal with our problems in life. The
main focus is life. The focus is not on winning the Olympic medal in
sitting and meditating! Dharma practice is all about applying Dharma
in life.
Moreover, Dharma
practice is introspective. With it, we try to be attentive of our
emotional states, our motivations, our attitudes, our compulsive
patterns of behavior. We especially need to look out for disturbing
emotions. The defining characteristic of a disturbing emotion or
attitude is that when it arises, it makes us and/or others feel
uncomfortable. We lose our peace of mind and become out of
control. This is a very helpful definition, because knowing it helps
us to recognize when we’re acting under the influence of one. We
can know that there’s something disturbing going on in our minds if
we feel uncomfortable. At such times, we need to check what’s going
on inside and apply the antidotes to correct it.
This requires
becoming very sensitive to what’s going on inside us. And to do
anything about changing our emotional state, if we find it
disturbing, requires the realization that if we act in a disturbed
and disturbing way, it’s going to create a lot of unhappiness both
for us and for others. We don’t want that; we’ve had enough of
that. And if we’re upset, how can we be of help to anybody?
Flexibility
Dharma practice
also requires familiarity with many different opponent forces, not
just one or two. Our lives are very complex and one particular
antidote is not always going to work. One particular practice is not
going to be the most effective in every single situation. To really
be able to apply things in daily life requires a great deal of
flexibility and many different methods. If this doesn’t work, then
we do that; if that doesn’t work, then we try this.
My teacher
Tsenzhab Serkong Rinpoche used to say that when you’re trying to do
something in life, always have two or three alternative plans. Then,
if plan A doesn’t work, you won’t just give up. That’s because
you have a backup plan, B or C. One of them will eventually work.
This I found to be very helpful advice. It’s the same thing with
the Dharma: if method A doesn’t work in some particular situation,
we always have a backup plan. There are other things we can turn to.
All this is obviously based on study, on learning various methods and
meditations, which we then practice in preparation, like we do with
physical training. We work to train ourselves to be familiar with
these methods so that we can actually apply them in daily life when
we need them. This requires looking at Dharma practice not as a
hobby, but as a full-timecommitment.
Avoiding
Extremes
We apply Dharma
practice in our families. We apply it in dealing with our parents,
with our children, and in dealing with the people at work. In doing
this, we need to avoid various extremes. We mentioned a little bit of
this already. We have to avoid the extreme of putting the blame for
our problems on others or the blame wholly on ourselves – both of
us contribute. We can try to get other people to change, but it is
easiest to change ourselves.
Self-improvement,
then, is the focus; but in doing this, we have to try to avoid the
extreme of narcissistic self-preoccupation. With
self-preoccupation, we are always looking at just ourselves and don’t
pay attention to anybody else. This can reinforce the feeling that
we’re the center of the universe and our problems are the most
important ones in the world. No one else’s problems are important
or hurt.
Another extreme is
thinking that we’re all bad or we’re all good. It’s true that
we need to recognize our difficult sides, the sides we need to work
on. But we also need to recognize our positive sides, our positive
qualities, so that we can develop them more and more. Many of us
Westerners have low self-esteem. If we focus too much on our problems
and confusion, this can easily reinforce that low self-esteem. This
is not the point at all.
At the same time
as keeping watch on our disturbing emotions, we need to balance this
with remembering our good qualities. Even the cruelest people do
have some experience of good qualities. Undoubtedly they’ve had the
experience of holding a puppy or kitten in their laps, petting it,
and feeling a little warmth toward it. Almost everyone has at least
had that experience. So we recognize that we are capable of giving
some warmth like this and, in this way, we see our positive sides as
well. Dharma practice is not just working on our negative sides; it
must be balanced. We need to work on reinforcing our positive sides
too.
In
doing this, in trying to sustain a balance between looking at our
shortcomings and at our good qualities, we need to avoid another set
of extremes. One extreme is guilt, “I’m bad. I should practice
and since I’m not practicing, I’m even worse.” This
word should needs
to be eliminated from our way of looking at Dharma practice. It is
never a matter of “should.” If we want to rid ourselves of the
problems we have and avoid further ones in the future, the healthiest
attitude is to think, simply, “If I want to get rid of my problem,
this practice will do that.” Now, whether or not we do the
practice, that’s our own choice. Nobody is saying, “You should do
this and, if you don’t do it, you’re bad.”
But, we also need
to avoid the other extreme, which is the extreme of, “We are all
perfect; just see your Buddha-nature and everything is
perfect.” This is a very dangerous extreme because it can lead to
the attitude that we don’t need to change; we don’t need to stop
or give up any of our negative ways because we are already perfect.
We need to avoid both these extremes – feeling we’re bad or
feeling we’re perfect. Basically, we need to
take responsibility for ourselves. That’s the main key
for integrating the Dharma in our daily lives. We take responsibility
for ourselves, to do something about the quality of our lives.
Inspiration
While working on
ourselves, we can gain inspiration from spiritual teachers, as
well as from the community of other people who are practicing with
us. However, for most people, fantastic stories about masters many
centuries ago being able to fly through the air is not a stable
source of inspiration from teachers. That’s because such things are
really difficult to relate to and they tend to lead us into the whole
magic trip. Best are living examples whom we actually have some
contact with, even if that contact is minimal.
Buddhas or truly
qualified teachers are not trying to impress us, nor are they trying
to inspire us. The example is that they are like the sun. The sun
doesn’t try to warm people; just the way the sun is naturally warms
others. The same thing is true with great spiritual teachers. They
inspire us spontaneously and naturally from the way that they are in
life, their character, and their ways of dealing with things. It’s
not the magic tricks. What’s the most inspiring is more realistic
and down to earth.
I remember Dudjom
Rinpoche. He died many years ago. He was the head of
the Nyingma lineage and was one of my teachers. He had
terrible asthma. I have asthma too and so I know what it’s like to
have difficulty breathing. I know how difficult it is to teach when
you can’t breathe normally, because all your energy has to be
directed inwards to get enough air. It’s very difficult for your
energy to go out in that situation. Yet, I would see Dudjom Rinpoche
having terrible asthma and still going up on stage and teaching. He
wasn’t the slightest bit disturbed by the asthma and dealt with it
in an incredible way while giving amazing teachings. This was
unbelievably inspiring, very down to earth, no big magic trick. It’s
dealing with real life situations and that’s inspiring.
As we go along the
spiritual path and make progress, we can also get inspiration from
ourselves. This, too, is an important source of inspiration. We gain
inspiration from our own progress. But, we have to be very delicate
in doing this. Most people can’t handle this factor emotionally,
because the tendency is to get arrogant and proud if we make some
progress. So, we have to define carefully what we mean by progress.
Progress
on the Path
First of all, we
have to realize that progress is never linear; it goes up and down
and up and down. This is one of the main characteristics ofsamsara,
and it’s not just talking about higher and lower rebirths. Going up
and down also refers to everyday life. Now I feel happy; now I feel
unhappy. Our moods go up and down. Now, I feel like practicing, now I
don’t feel like practicing – that goes up and down all the time,
so don’t be surprised. In fact, it’s going to continue like that
until we become anarhat, a liberated being, free from samsara. Up
until that point, which is unbelievably advanced, samsara is going to
continue going up and down. So don’t get discouraged when, after
having been practicing a very long time, all of sudden we get into
difficulty in a personal romantic relationship. Suddenly, we’re
emotionally upset – this happens! It doesn’t mean that we’ve
been a terrible practitioner. It’s just natural, given the reality
of our samsaric condition.
Miracles don’t
usually happen in Dharma practice. If we want to apply Dharma to
daily life, don’t expect miracles, especially not in our progress.
How do we measure progress realistically? His Holiness the Dalai Lama
says, don’t just look in terms of a year or two of Dharma practice.
Look in terms of five or ten years of practice to check, “Am I a
calmer person than I was five or ten years ago? Am I able to handle
more difficult situations and not get so upset or thrown by them?”
If we are, we’ve made some progress and that’s inspiring. We
still have problems, but this gives us strength to go on. We don’t
get so upset in difficult situations when things go badly. We’re
able to recover more quickly.
When we talk about
ourselves as a source of inspiration, the main point is that this
inspiration gives us the strength to continue on the path. This is
because we’re convinced that we’re going in the right direction.
And we are only convinced that we’re going in the right direction
if we have a realistic idea of what it means to go in that direction
– namely that, while going in that general direction,
we’ll continually be going up and down.
These are some
general ideas of how to integrate the practice of Dharma into daily
life. I hope they are helpful. Thank you.
Espagnol
Integrando
el Darma a nuestra vida
Alexander
Berzin
Bok, Polonia, diciembre 13, 2002
Traducido por
Fabiola Larios Togo
El Darma
es para lidiar con los problemas de la vida
Esta
noche me gustaría hablar sobre la práctica del Darma en la vida
cotidiana. La palabra Darma significa
“una medida preventiva”. Es algo que hacemos para evitar
problemas. Lo primero que necesitamos hacer para involucrarnos en la
práctica del Darma es reconocer los diferentes tipos de problemas o
dificultades que tenemos en la vida. Lo siguiente es darnos cuenta de
que la práctica del Darma busca ayudarnos a liberarnos de tales
problemas.
La práctica del
Darma no es solamente para sentirnos bien, o para tener un lindo
pasatiempo, o para estar a la moda, ni nada parecido. La práctica
del Darma pretende ayudarnos a liberarnos de nuestros problemas. Esto
significa que para practicar el Darma en forma realista tenemos que
darnos cuenta de que no será un proceso placentero. Se trata de
encarar los aspectos no placenteros de nuestra vida, las dificultades
que se nos presentan. Se trata de enfrentarlas con la actitud de que
trataremos de lidiar con ellas, en lugar de huir.
Nuestros problemas
pueden tomar diversas formas. Todos estamos familiarizados con la
mayoría de ellos: somos inseguros, tenemos problemas en nuestras
relaciones con otros: nos sentimos aislados, tenemos dificultades con
nuestras emociones y sentimientos; estos son el tipo de problemas que
todos tenemos. Tenemos dificultades para lidiar con nuestra familia y
nuestros padres; ellos enferman y envejecen. Tenemos dificultades
para lidiar con nuestra propia enfermedad y envejecimiento. Y si
somos jóvenes, tenemos dificultades para decidir qué hacer de
nuestra vida, cómo ganarnos el sustento, en qué dirección ir, y
ese tipo de cosas. Necesitamos observar todos estos aspectos.
Confusión
Uno de los puntos
más importantes en el budismo es el darnos cuenta de que todos estos
problemas que experimentamos surgen de causas. No es que surjan de la
nada. La fuente de estos problemas está dentro de nosotros mismos.
Este es un gran entendimiento profundo y no es fácil para muchas
personas aceptarlo, ya que la mayoría de nosotros tendemos a culpar
de nuestros problemas a los demás o a causas externas. Sentimos:
“Soy infeliz por lo que hiciste, no me llamaste, me abandonaste, no
me amas. Todo es tu culpa”. O culpamos a nuestros padres, por lo
que hicieron o dejaron de hacer cuando éramos niños. O culpamos a
la situación económica, política o social en la que nos
encontramos. Por supuesto que todos estos factores juegan un rol en
nuestra experiencia de vida. El budismo no niega esto. Pero la causa
principal, la causa más profunda de nuestros problemas está dentro
de nosotros mismos: son nuestras propias actitudes, especialmente
nuestra confusión.
Si queremos
encontrar un factor que defina claramente la actitud budista respecto
a qué significa practicar el budismo en la vida diaria, yo diría
que es éste. Cuando tenemos dificultades, buscamos dentro de
nosotros para tratar de encontrar el origen y, una vez que lo
identificamos, tratamos de cambiar la situación desde adentro.
Cuando hablamos de buscar dentro de nosotros y encontrar la fuente de
nuestros problemas, no nos referimos a hacer un juicio moral y pensar
que soy malo y que tengo que cambiar y ser bueno. El budismo no emite
juicios morales. Tratamos de localizar adentro de nosotros la fuente
de nuestros problemas simplemente porque nos hace sufrir y porque
queremos liberarnos de ellos y de nuestra infelicidad, y la fuente
principal de ambos está en nuestras actitudes. Específicamente, el
Buda dijo que la causa más profunda de nuestros problemas y de
nuestro sufrimiento es nuestra confusión. Así que lo que tenemos
que hacer es descubrir en qué radica nuestra confusión y cómo
podemos corregirla a través de adquirir un entendimiento correcto.
¿Acerca de qué
estamos confundidos? Acerca de varias cosas. Una de ellas tiene que
ver con las causas y los efectos de nuestro comportamiento. Creemos
que si actuamos de cierta manera, esto no tendrá ningún efecto. Por
ejemplo, pensamos: “Puedo llegar tarde, ignorarte, y eso no
importa”. Eso es incorrecto; es un estado de confusión. O pensamos
que algo que hacemos o que la forma en la que nos comportamos tendrá
un efecto que es absurdo e imposible. Por ejemplo, “Fui bueno
contigo así que debes amarme. Te compré este lindo regalo, ¿porqué
no me amas ahora?”. Con pensamientos como estos nos imaginamos que
nuestras acciones tendrán efectos imposibles, o pensamos que esos
efectos serán mayores de lo que en realidad pueden ser. También
podemos pensar que ciertas acciones nos traerán cierto tipo de
efecto, pero en realidad nos traen el efecto totalmente opuesto. Por
ejemplo, queremos ser felices y pensamos que para lograrlo hay que
estar borrachos todo el tiempo. Pero esto produce más problemas que
felicidad.
El otro aspecto en
el que estamos confundidos es en la forma en la que existimos, la
forma en la que los otros existen y la forma en la que el mundo
existe. Por ejemplo, sufrimos y somos infelices por envejecer y por
enfermarnos. ¿Pero qué otra cosa podríamos esperar como seres
humanos? Los seres humanos enfermamos y envejecemos (a menos que
muramos jóvenes), esto no es una gran novedad. Cuando nos
entristecemos y nos sorprendemos porque aparecen canas en nuestro
cabello estamos siendo irreales y confusos acerca de cómo es que el
mundo existe, cómo es que existimos nosotros.
Digamos que
tenemos problemas con el envejecimiento. Debido a nuestra confusión
al respecto (no aceptar la realidad de envejecer) actuamos en formas
destructivas bajo la influencia de emociones y actitudes perturbadas.
Por ejemplo, al tratar compulsivamente de lucir jóvenes y
atractivos, nos mostramos deseosos de adquirir cosas que esperamos
nos hagan sentir seguros (como la atención y el amor de otros,
especialmente de gente más joven que nos parece atractiva). Detrás
de este síndrome generalmente se encuentra la confusión de creernos
la persona más importante del mundo, el centro del universo. Por
ello pensamos “todos deberían ponerme atención a mí. Sin
importar cómo luzca, todos deberían pensar que soy atractivo y
agradable”. Nos volvemos locos si alguien no piensa que somos
atractivos o si no le gustamos. Nos vuelve aún más locos que
alguien nos ignore (que no nos preste atención cuando nosotros
quisiéramos que nos considerara atractivos, si no físicamente, al
menos de alguna otra manera). Pero no a todo el mundo le gustaba el
Buda Shakyamuni; ¡qué esperanza podemos tener nosotros de gustarle
a todo el mundo!
Nuestro deseo de
gustarle a todo el mundo es una expectativa irreal. No corresponde a
la realidad. Está basado en la confusión, en el deseo añorante y
en el apego a que todos nos encuentren atractivos y que todos nos
pongan atención. Subyacente está la actitud perturbada de la
ingenuidad. Pensamos que somos tan importantes y adorables que
deberíamos gustarle a todos, y si no le gustamos a alguien pensamos
que algo está mal con esa persona. O pero aún, empezamos a dudar de
nosotros mismos: “Debe haber algo malo en mí porque no le gusto a
esa persona”, y entonces nos sentimos mal o culpables. Esto es
ingenuidad pura.
El punto principal
es trabajar con nosotros mismos. Esto es a lo que se refiere la
práctica del Darma. No importa lo que pase, si tenemos dificultades,
si nos sentimos inseguros, o lo que sea, necesitamos mirar adentro de
nosotros y ver qué es lo que está pasando. ¿Dónde está la
confusión detrás de la emoción perturbada que siento? Sin embargo,
si analizamos una relación problemática en la que estamos
involucrados, es preciso darnos cuenta de que no somos los únicos
confundidos. Obviamente la otra persona también tiene confusión. El
punto es que no decimos simplemente: “Tú tienes que cambiar; todo
lo que yo hago está bien, tú eres el que tiene que cambiar”. Por
otro lado, necesitamos tener cuidado en no pensar: “Sólo soy yo
quien tiene que cambiar”, porque entonces esto puede degenerar en
un complejo de mártir. De lo que se trata es de discutir las cosas
abiertamente con la otra persona aunque, claro, la otra persona
necesita también ser receptiva. Necesitamos aceptar que ambos
estamos confundidos. Ambos tenemos el problema de la confusión en
términos de cómo entendemos lo que pasa en nuestra relación, así
que es preciso que ambos aclaremos esa confusión. Esa es la forma
más realista y acorde con el Darma en la que podemos proceder.
Entender
el Darma antes de llevarlo a la práctica
Hay muchos tipos
diferentes de práctica budista. No es suficiente sólo recibir
instrucciones de cómo llevarlas a cabo, como si aprendiéramos a
realizar una especie de truco. Con cualquier práctica que realicemos
es muy importante entender cómo es que nos ayudará a superar
nuestras dificultades. Necesitamos aprender, no sólo cómo y cuándo
aplicar la práctica, sino también cuáles son los razonamientos que
están detrás de ella. Esto significa que no empezamos con prácticas
avanzadas. Comenzamos por el principio y construimos una base, de tal
forma que, a partir de la secuencia de las enseñanzas del Darma,
sepamos de qué se trata cada práctica.
Ahora bien, es
cierto que algunas veces leemos enseñanzas que dicen: “Si alguien
te da una medicina, no preguntes cómo funciona, ¡sólo tómala!”.
Aunque este es un buen consejo, necesitamos entender que nos está
previniendo de caer en un extremo. El extremo del que nos habla, es
el de solamente estudiar y tratar de entender las enseñanzas pero
nunca llevar nada a la práctica. Queremos evitar ese extremo. Existe
también el otro extremo que igualmente necesitamos evitar. Se
refiere a cuando escuchamos instrucciones de Darma relativas a alguna
práctica y las llevamos a cabo con fe ciega, sin ningún
entendimiento de qué o por qué estamos haciendo tal cosa. El
principal problema de este extremo es que, en realidad, nunca
entendemos cómo aplicar tal práctica en nuestra vida diaria. Si
entendemos el sentido detrás de cada práctica (si entendemos cómo
funciona y cuál es su intención) no necesitaremos que alguien más
nos diga cómo aplicarla en nuestra vida cotidiana. Entenderemos y
sabremos cómo hacerlo por nosotros mismos.
Cuando hablamos de
eliminar nuestros problemas, no estamos hablando solamente de
eliminar nuestros problemas personales, también nos referimos a
deshacernos de las dificultades que tenemos para ayudar a otros.
“Tengo problemas para ayudar a otros por flojera o egoísmo, o por
estar muy ocupado”. O “simplemente no entiendo cuál es tu
problema y no tengo idea de qué hacer para ayudarte”. Este es el
gran problema que tenemos, ¿no es así? Todas estas dificultades
para ayudar a otros se originan también en nuestra confusión. Por
ejemplo, la confusión de pensar que yo debería ser como Dios
todopoderoso y tener el poder para resolver todos tus problemas con
sólo hacer una simple cosa; y si no resuelvo todos tus problemas es
porque algo está mal contigo. No lo hiciste bien, entonces eres
culpable. O yo soy el culpable porque debería ser capaz de ayudarte
a resolver tus problemas y no lo hice, así que no soy bueno. De
nuevo, es confusión relativa a la causa y al efecto.
Convicción
en el Darma
Otro punto es que,
para ser capaces de aplicar efectivamente el Darma en la vida
cotidiana de una manera no neurótica, necesitamos tener la
convicción de que en verdad es posible deshacernos de nuestros
problemas. Necesitamos estar convencidos de que es posible
deshacernos de nuestra confusión siguiendo la aproximación budista
básica: para deshacernos de algo necesitamos eliminar las causas que
lo provocan. Por supuesto, es muy difícil obtener una profunda y
firme convicción de que es posible eliminar toda nuestra confusión
al grado de que nunca más se presente, así como es difícil también
tener una convicción firme respecto a que es posible alcanzar la
liberación y la iluminación. Esto es especialmente difícil cuando
ni siquiera entendemos qué son en realidad la liberación y la
iluminación. ¿Cómo podemos considerar seriamente si es posible
alcanzarlas o no, si ni siquiera las entendemos? ¿No es un poco
hipócrita desear alcanzar algo si ni siquiera creemos que esto
exista? De ser así, esto se vuelve una suerte de juego desquiciado;
nuestra práctica del Darma no es algo real.
Necesitamos estar
realmente convencidos, y esto requiere mucho estudio y entendimiento,
así como profunda reflexión y meditación. Necesitamos estar
convencidos de que, no sólo la liberación y la iluminación son
posibles, sino que también están a nuestro alcance. No pensar que
sólo fue posible para Shakyamuni, y que no es algo para mí, sino
que es posible que yo alcance la iluminación y la liberación, y es
posible que todos los demás las alcancen también. Necesitamos
entender qué es preciso hacer para liberarnos de nuestra confusión.
¿Qué es en realidad lo que nos ayudará a deshacernos de ella? Lo
que en realidad nos ayudará a deshacernos de la confusión es el
correcto entendimiento; es preciso entender cómo el correcto
entendimiento puede ayudarnos a superar la confusión y eliminarla
para que nunca regrese. Como resultado de todo esto, vemos que el
verdadero lugar de trabajo de la práctica del Darma es la vida
diaria; es lidiar con nuestros problemas, con nuestra confusión, con
nuestras dificultades de la vida momento a momento.
La
práctica del Darma requiere introspección
La práctica del
Darma no es simplemente “tiempo fuera” de la vida, no se refiere
a irnos a una linda y silenciosa cueva, o incluso encerrarnos en
nuestro cuarto y sentarnos en un cojín para no tener que lidiar con
nuestra vida. La práctica del Darma no se trata de escapar. Cuando
vamos a un lugar silencioso para meditar, lo hacemos con la intención
de construir las habilidades que nos permitan lidiar con nuestros
problemas en la vida. El punto de atención es la vida. ¡No se trata
de ganar una medalla olímpica en sentarse a meditar! La práctica
del Darma se refiere por completo a aplicar el Darma a nuestra vida.
Más aún, la
práctica del Darma es introspectiva. Con la introspección tratamos
de estar atentos a nuestros estados emocionales, nuestras
motivaciones, nuestras actitudes, nuestros patrones compulsivos de
comportamiento. Necesitamos poner especial atención en nuestras
emociones perturbadas. La característica que define a una emoción o
actitud perturbada es que, cuando surge, nos hace sentir incómodos a
nosotros y/o a los demás. Perdemos la paz mental y no somos capaces
de controlarnos. Esta es una definición muy útil porque nos ayuda a
reconocer cuando estamos actuando bajo la influencia de una emoción
perturbada. Podemos saber que algo perturbado está ocurriendo en
nuestra mente si nos sentimos incómodos. En tales ocasiones,
necesitamos revisar qué está pasando dentro de nosotros y aplicar
los antídotos para corregirlo.
Esto requiere que
nos volvamos muy sensibles a lo que ocurre dentro de nosotros. Para
poder cambiar nuestro estado emocional perturbado se requiere que nos
demos cuenta de que si actuamos de una forma perturbada y
perturbadora generaremos mucha infelicidad tanto para nosotros como
para los demás. No queremos eso; ya hemos tenido más que suficiente
de eso. Y si estamos alterados ¿cómo podremos ayudar a los demás?
Flexibilidad
La práctica del
Darma también requiere que nos familiaricemos con muchas fuerzas de
oposición diferentes, no sólo con una o dos. Nuestra vida es muy
compleja y un sólo antídoto en particular no siempre funcionará.
Una práctica específica no será la más efectiva para cada una de
las situaciones. Para realmente ser capaces de aplicar las prácticas
en la vida diaria se requiere de una gran flexibilidad y de muchos
métodos diferentes. Si uno no funciona, intentamos con otro; si este
otro tampoco funciona, probamos algo más.
Mi maestro
Tsenzhab Serkong Rimpoché, solía decir que si estás tratando de
hacer algo en la vida, siempre es importante tener uno o dos planes
alternativos. Así, si el plan A no funciona, no te darás por
vencido porque tendrás los planes B o C de respaldo. Eventualmente,
alguno funcionará. Me he dado cuenta de que este es un consejo muy
útil. Lo mismo ocurre con el Darma: si el método A no funciona para
cierta situación, siempre tendremos un plan de respaldo. Hay otras
cosas que podemos tratar. Obviamente, todo esto se basa en el
estudio, en aprender diferentes métodos y meditaciones que después
practicamos y preparamos, tal como hacemos con el entrenamiento
físico. Nos entrenamos para familiarizarnos con estos métodos, de
tal forma que realmente podamos aplicarlos en la vida diaria cuando
los necesitemos. Esto requiere que veamos al Darma, no como un
entretenimiento, sino como un compromiso de tiempo completo.
Evitando
los extremos
Aplicamos la
práctica del Darma con nuestra familia. La aplicamos para lidiar con
nuestros padres, con nuestros hijos, con la gente en el trabajo. Al
hacer esto necesitamos evitar varios extremos. Ya hemos mencionado
algo de esto antes. Necesitamos evitar el extremo de echar la culpa
de nuestros problemas a los demás, así como de culparnos
enteramente a nosotros mismos (ambos contribuimos). Podemos tratar de
que los demás cambien, pero es más fácil que nosotros cambiemos.
El punto medular
es el auto mejoramiento; pero, en este proceso, necesitamos evitar el
extremo de la auto preocupación narcisista. Cuando estamos
preocupados sólo por nosotros mismos no prestamos atención a nadie
más. Esto puede reforzar la sensación de que somos el centro del
universo y de que nuestros problemas son los más importantes del
mundo. Nos parece que los problemas de los demás no son importantes
ni dolorosos.
Otro extremo es
pensar que somos, o completamente buenos, o completamente malos. Es
cierto que necesitamos reconocer nuestras facetas difíciles,
aquellas en las que tenemos que trabajar. Pero también tenemos que
reconocer nuestras facetas positivas, nuestras cualidades, para que
podamos desarrollarlas cada vez más. Muchos occidentales tenemos
baja autoestima. Si nos enfocamos demasiado en nuestros problemas y
en nuestra confusión fácilmente reforzaremos esta baja autoestima.
No se trata de esto en absoluto.
Al mismo tiempo
que observamos nuestras emociones perturbadas, necesitamos recordar
nuestras cualidades positivas, para generar un equilibrio. Incluso
las personas más crueles tienen alguna experiencia con cualidades
positivas. Indudablemente han tenido la experiencia de sostener a un
cachorro o a un gatito, acariciarlo y sentir un poco de calidez hacia
él. Casi todos tienen al menos esa experiencia. Si reconocemos que
somos capaces de dar este tipo de afecto podremos ver también
nuestros aspectos positivos. La práctica del Darma no se refiere
solamente a trabajar con nuestro lado negativo; tiene que haber
equilibrio. Necesitamos trabajar también para reforzar nuestras
facetas positivas.
Al
tratar de mantener el equilibrio entre nuestras fallas y nuestras
cualidades, se necesita evitar otro conjunto de extremos. Un extremo
es la culpa: “Soy malo. Debería practicar y como no practico soy
aún peor.” La palabra “debo”
necesita ser eliminada de nuestra forma de ver la práctica del
Darma. Nunca es un asunto de “deber
ser”.
Si queremos liberarnos de nuestros problemas y evitarlos en el
futuro, la actitud más saludable es simplemente pensar: “Si quiero
liberarme de mi problema esta práctica ayudará”. Hacer o no hacer
la práctica es nuestra decisión. No hay nadie que diga:
“Deberías hacer
esto y si no lo haces eres malo”.
Pero también
necesitamos evitar el otro extremo, el de: “Todos somos perfectos,
sólo observa tu naturaleza búdica y todo estará perfecto”. Este
es un extremo muy peligroso porque puede conducirnos a la actitud de
creer que no necesitamos cambiar; podemos creer que como ya somos
perfectos entonces no necesitamos detener o soltar ninguno de
nuestros aspectos negativos. Necesitamos evitar ambos extremos,
sentir que somos malos o sentir que somos perfectos. Básicamente,
necesitamos tomar responsabilidad por nosotros mismos. Esta es la
clave para integrar el Darma en nuestra vida diaria. Tomar
responsabilidad de nosotros mismos, hacer algo para mejorar la
calidad de nuestra vida.
Inspiración
Mientras
trabajamos con nosotros mismos, podemos obtener inspiración tanto de
maestros espirituales, como de las otras personas que practican con
nosotros. Para la mayoría las personas, las historias fantásticas
sobre antiguos maestros que volaban por los aires no son una fuente
estable de inspiración, porque estas son acciones con las que es muy
difícil relacionarnos y tienden a conducirnos por un viaje
fantástico. Es mejor tomar inspiración de ejemplos vivos con
quienes en realidad tenemos contacto, aunque éste sea mínimo.
Los budas y los
maestros verdaderamente calificados no tratan de impresionarnos ni de
inspirarnos. Como ejemplo se dice que ellos son como el sol. El sol
no trata de calentar a la gente; simplemente, por la forma en la que
el sol naturalmente existe, calienta a los demás. Lo mismo aplica
para los grandes maestros espirituales. Nos inspiran de manera
espontánea y natural por la forma en la que ellos son en la vida,
por su carácter y por su forma de lidiar con las diferentes
situaciones. No se trata de trucos mágicos. Lo más realista y
aterrizado es lo más inspirador.
Recuerdo a Dudjom
Rimpoché. Murió hace muchos años. Era la cabeza del linaje nyingma
y uno de mis maestros. Tenía un asma terrible. Yo también tengo
asma, así que sé lo que se siente tener dificultades para respirar.
Sé lo difícil que es enseñar cuando no puedes respirar
normalmente, porque toda tu energía tiene que enfocarse en tener
suficiente aire. Es muy difícil externar la energía en una
situación así. Yo veía a Dudjom Rimpoché sufrir un asma terrible
y aún así subir al estrado a impartir enseñanzas. No se dejaba
perturbar en lo más mínimo por el asma y lidiaba con ello de una
manera increíble mientras nos daba enseñanzas asombrosas. Esto fue
increíblemente inspirador, un hecho muy aterrizado que nada tiene
que ver con grandes trucos mágicos. Es lidiar con situaciones de la
vida real y eso es muy inspirador.
También podemos
obtener inspiración de nosotros mismos al ir avanzando y progresando
en el camino espiritual. Esto es también una importante fuente de
inspiración. Obtenemos inspiración de nuestro propio progreso. Pero
tenemos que ser muy cuidadosos con esto. La mayoría de las personas
no puede manejar este factor a nivel emocional, porque la tendencia
es volverse arrogantes y orgullosos de los logros que se alcanzan.
Así que tenemos que definir cuidadosamente que se entiende por
progreso.
Progreso
en el camino.
Primero que nada,
tenemos que darnos cuenta de que el progreso nunca es lineal, sube y
baja, sube y baja. Los constantes altibajos son de las principales
características del samsara, no solamente en cuanto a obtener
mejores o peores renacimientos sino también en cuanto a la vida
diaria. En un momento me siento feliz y al siguiente me siento
infeliz. Nuestro estado de ánimo sube y baja. Ahora tengo ganas de
practicar, más tarde no tengo ganas de practicar (esto sube y baja
todo el tiempo, no se sorprendan por ello). De hecho, seguirá siendo
así hasta que nos convirtamos en un arjat, en un ser liberado, libre
del samsara. Hasta que lleguemos a ese punto, que es increíblemente
avanzado, en el samsara seguiremos estando en este sube y baja. Así
que no se desanimen si después de practicar por mucho tiempo de
pronto tienen dificultades en una relación romántica. De repente
nos sentimos emocionalmente perturbados, ¡esto pasa! No significa
que hayamos sido terribles practicantes. Es natural, dada la realidad
de nuestra condición samsárica.
En la práctica
del Darma no suelen ocurrir milagros. Si queremos aplicar el Darma en
la vida diaria, no esperemos milagros y menos en nuestro progreso.
¿Cómo podemos medir nuestro progreso en forma realista? Su Santidad
el Dalái Lama dice que no lo veamos en términos de practicar el
Darma un año o dos. Que lo observemos en términos de cinco o diez
años de práctica para revisar: “¿Soy una persona más calmada de
lo que era hace cinco o diez años? ¿Soy capaz de manejar
situaciones más difíciles sin alterarme o sentirme dominado por
ellas?” Si es así, hemos progresado y eso es inspirador. Aún
tenemos problemas, pero esto nos fortalece para continuar en el
camino. Ya no nos alteramos tanto en las situaciones difíciles
cuando las cosas se ponen feas. Somos capaces de recuperarnos más
rápidamente.
Cuando hablamos de
nosotros mismos como fuente de inspiración, el punto principal es
que esta inspiración nos da la fortaleza para continuar en el
camino. Esto es porque estamos convencidos de que vamos en la
dirección correcta. Y sólo estamos convencidos de que vamos en la
dirección correcta si tenemos una idea realista de lo que significa
ir en esa dirección (que mientras vamos en esa dirección general,
continuamente experimentaremos altibajos).
Estas son algunas
ideas generales sobre cómo integrar la práctica del Darma a nuestra
vida diaria. Espero que sean útiles. Gracias.
Italien
Integrare
il Dharma nelle nostre vite
Alexander
Berzin
Bok, Polonia, 13 Dicembre 2002
Traduzione italiana
a cura di Julian Piras
Il
Dharma serve ad affrontare i problemi della vita
Questa sera vorrei
parlare della pratica del Dharma nella vita quotidiana. La
parola Dharma significa “misura di prevenzione.” È
qualcosa che attuiamo per evitare di avere problemi. Laprima cosa che
dobbiamo fare per iniziare a praticare il Dharma è riconoscere i
vari tipi diproblemi e difficoltà che abbiamo nella nostra vita. Il
prossimo passo, poi, è direalizzare che lo scopo del Dharma è
di aiutarci a essere liberi da questi problemi.
La pratica del
Dharma non serve soltanto a farci sentire bene; non è un bell’hobby,
e nonserve a essere di moda o cose di questo genere. La pratica del
Dharma ha lo scopo di liberarci dainostri problemi. Questo significa
che per praticare il Dharma realisticamente, dobbiamo renderciconto
che il processo non sarà piacevole. Dobbiamo notare gli aspetti
sgradevoli della nostraesistenza, le nostre difficoltà, e
affrontarli, non dobbiamo evitarli. Invece, dobbiamoriconoscerli con
l’atteggiamento che ora proveremo ad affrontarli.
I nostri problemi
possono prendere molte forme. Abbiamo tutti molti problemi in comune:
siamoinsicuri; le nostre relazioni con gli altri sono difficili; ci
sentiamo alienati; abbiamodifficoltà con le nostre emozioni e con i
nostri sentimenti. Insomma le solite cose che abbiamo noitutti.
Abbiamo difficoltà nell´interagire con le nostre famiglie e con i
nostri genitori: s’ammalano e invecchiano. Abbiamo difficoltà con
il fatto che anche noi c’ammaliamo e invecchiamo. Ese siamo
giovani, abbiamo difficoltà a decidere cosa faremo della nostra
vita, che mestierescegliere per guadagnarci il pane, in quale
direzione muoverci, e così via. Dobbiamo consideraretutte queste
cose.
Confusione
Uno dei punti più
importanti nel Buddhismo è di comprendere che tutti questi problemi
di cuiabbiamo esperienza, sorgono per via di determinate cause. Non è
che ci sono, senza alcuna causa.L´origine di questi problemi risiede
in noi stessi. Questa è una grande realizzazione, ma lamaggior parte
delle persone ha difficoltà accettarla. La maggior parte di noi ha
la tendenza adincolpare altre persone o circostanze esterne per i
nostri problemi. Pensiamo: “Sono infelice pervia di quello che hai
fatto: non mi hai telefonato, mi hai abbandonato; non mi ami. È
tutta colpatua.” O diamo la colpa ai nostri genitori per quello che
hanno fatto o non hanno fatto quandoeravamo piccoli. O allora diamo
la colpa alla situazione economica, politica, sociale, e così
via.Sì, è vero che tutti questi fattori incidono sulle nostre
esperienze di vita. Il Buddhismo non negaquesto fatto. Tuttavia, la
causa principale, la causa più profonda dei nostri problemi risiede
innoi stessi. Essa consiste nei nostri atteggiamenti, in particolare
nella nostra confusione.
Se vogliamo
trovare un fattore che definisce con chiarezza l’atteggiamento
buddhista riguardocosa vuol dire praticare il Buddhismo nella vita
quotidiana, direi questo: quando sperimentiamodelle difficoltà,
guardiamo dentro noi stessi per cercare la fonte; una volta che
l´abbiamoidentificata, cerchiamo di cambiare la situazione
dall´interno. Quando si dice che bisogna usarel´introspezione per
trovare l´origine dei nostri problemi, questo non significa che
stiamo dando ungiudizio morale a noi stessi, sviluppando pensieri del
tipo: “Sono una persona cattiva, devocambiare ed essere buono.”
Il Buddhismo non formula giudizi morali. Cerchiamo semplicemente
ditrovare la fonte dei nostri problemi dentro noi stessi perché
soffriamo, e perché vogliamoliberarci dalle nostre difficoltà e
dalla nostra infelicità, e la fonte principale dei nostriproblemi
sono i nostri atteggiamenti mentali. In particolare, Buddha disse che
la causa piùprofonda dei nostri problemi e della nostra sofferenza è
la nostra confusione. Quindi il nostrocompito è di scoprire in che
modo siamo confusi rispetto a quello che accade, e come
possiamocorreggere questa confusione tramite una comprensione
corretta.
Siamo confusi
rispetto a cosa? Siamo confusi rispetto a varie cose. Una di queste è
la causaed effetto comportamentali. Pensiamo che se agiamo in un
certo modo, non ci sarà alcunaconseguenza. Per esempio, pensiamo:
“Posso essere in ritardo, posso ignorarti e così via, non
haimportanza.” Questo, tuttavia, è sbagliato, è un comportamento
frutto della confusione. O allorapensiamo che un nostro comportamento
possa avere degli effetti che sono assurdi o impossibili. Peresempio:
“Sono stato gentile con te e quindi in cambio tu sicuramente mi
amerai. Ti ho comprato unbel regalo, allora perché non mi ami, ora?”
Con pensieri di questo tipo, c’immaginiamo che lenostre azioni e il
nostro comportamento produrranno effetti impossibili, oppure abbiamo
aspettativeesagerate, pensando che le nostre azioni produrranno
effetti più grandi di quello che è possibile.Oltre a questo, a
volte pensiamo che certi comportamenti avranno un determinato
risultato, ma inrealtà hanno proprio l’effetto contrario. Per
esempio, vogliamo essere felici e quindi pensiamo cheper essere
felici ci dobbiamo ubriacare regolarmente. Ma questo ci creerà solo
dei problemi anzichérenderci felici.
L´altra cosa
rispetto alla quale siamo confusi è il modo in cui noi stessi, gli
altri e ilmondo esistono. Per esempio: soffriamo e siamo infelici
perché invecchiamo e perché ci ammaliamo.Ma che cos´altro ci si
può aspettare? Dopotutto, siamo esseri umani. Gli esseri umani si
ammalano ediventano vecchi, se non muoiono già da giovani. Queste
cose sono sotto gli occhi di tutti, nonsono sorprendenti. Quando
iniziamo a vedere capelli grigi allo specchio e siamo infelici
escioccati per questo, questa reazione è irrealistica e confusa
rispetto al modo in cui il mondoesiste ed il modo in cui noi stessi
esistiamo.
Assumiamo, per
esempio, che il fatto d’invecchiare sia un problema per noi. Poiché
siamoconfusi a questo riguardo (non accettiamo questa realtà),
agiamo in modo distruttivo, influenzatida emozioni ed atteggiamenti
mentali disturbanti. Quando, per esempio, cerchiamo in modo
compulsivodi apparire giovani e attraenti, agiamo con il desiderio
bramoso di ottenere cose che pensiamo ci daranno un senso di
sicurezza, come l´attenzione e l´amoredegli altri, particolarmente
da parte di persone più giovani che ci appaiono attraenti.
Spesso,questa sindrome è dovuta alla confusione: “Sono la persona
più importante al mondo; sono al centrodell´universo. Quindi tutti
dovrebbero prestare attenzione a me. Qualunque sia la mia
apparenza,tutti dovrebbero pensare che sono attraente e dovrebbero
apprezzarmi.” Diventiamo matti se qualcunonon ci trova attraente o
non ci apprezza. E diventiamo addirittura ancora più matti se
qualcuno c’ignora, se non ci presta attenzione poiché vorremmo che
ci trovasse attraenti, se non fisicamentealmeno in qualche altro
modo. Ma se addirittura Buddha Shakyamuni non era apprezzato da
tutti, chesperanza ci può essere per noi di essere apprezzati da
tutti!
Il nostro
desiderio di essere apprezzati da tutti è un’aspettativa
irrealistica. Noncorrisponde alla realtà. Si basa sulla confusione,
sul desiderio bramoso e sull´attaccamento alfatto che tutti
dovrebbero trovarci attraenti e che tutti dovrebbero prestarci
attenzione. L’a tteggiamento disturbante sottostante è
l´ingenuità. Pensiamo che siamo talmente importanti etalmente
simpatici che tutti ci dovrebbero apprezzare, e se non lo fanno,
probabilmente c’è qualcosa di sbagliato in loro. O peggio ancora,
iniziamo a dubitare di noi stessi: “Devo averequalche difetto ed è
per questo che questa persona non mi apprezza,” e questo ci fa star
male, osviluppiamo sensi di colpa. Tutto questo è dovuto
all´ingenuità.
La cosa più
importante, quindi, è lavorare su noi stessi. È questa la pratica
del Dharma.Qualunque sia la situazione in cui ci troviamo, se abbiamo
difficoltà, se ci sentiamo insicuri ocosì via, dobbiamo osservare
noi stessi per capire che cosa sta succedendo. Dov´è la
confusionesottostante a queste emozioni disturbanti che sto provando?
Tuttavia, se i nostri problemiprovengono da una relazione difficile,
dobbiamo renderci conto che non siamo gli unici a essereconfusi.
Ovviamente anche l’altra persona è confusa. Però, il punto è che
non diciamo solo: “ Sei tuche devi cambiare, tutto quello che
faccio io va bene, anzi è perfetto. Tu invece devi propriocambiare.”
Dall´altro lato, non diciamo nemmeno che siamo noi gli unici a dover
cambiare: questopotrebbe portarci a sviluppare un “complesso del
martire.” Cerchiamo di parlare apertamente conl´altra persona,
sebbene anche l’altra persona debba essere ricettiva a questo.
Dobbiamoriconoscere che tutti e due siamo confusi. C’è un problema
in entrambi riguardo a come comprendiamoquello che accade nella
nostra relazione, quindi cerchiamo di chiarire la confusione in
ognuno dinoi due. Questo è il modo più realistico, più dharmico,
di procedere.
Capire
il Dharma prima di praticarlo
Ci sono molti tipi
diversi di pratiche buddhiste. Non basta ricevere le istruzioni su
comepraticarle, come se ricevessimo le istruzioni per qualche magia.
Con qualsiasi pratica, è moltoimportante capire in che modo ci
aiuterà a superare le difficoltà. Non dobbiamo unicamente
impararequando e come applicare la pratica, ma anche i presupposti
che essa implica. Questo significa chenon iniziamo facendo pratiche
avanzate. Cominciamo dall´inizio e costruiamo le fondamenta.
Inquesto modo, sarà l´ordine in cui gli insegnamenti del Dharma
progrediscono che ci farà capire cosasuccede in una determinata
pratica.
È vero, ci sono
degli insegnamenti che dicono: “Se ti viene data una medicina, non
chiederecome funziona, ma prendila!” Sì, questo è un buon
consiglio, ma dobbiamo capire che si rivolge a uncomportamento
estremo. Quest’estremo consiste nel fatto di studiare soltanto, di
cercare unicamentela comprensione intellettuale degli insegnamenti,
senza mai mettere in pratica la minima cosa diquello che abbiamo
imparato. Questo comportamento estremo va evitato. Tuttavia, esiste
anchel´estremo opposto, e anch´esso va evitato. Consiste nel
cercare di mettere in praticaimmediatamente tutte le istruzioni del
Dharma che sentiamo, con fede cieca, senza aver capito cosastiamo
facendo e perché. Il problema più grande che sorge da questo
secondo tipo di comportamentoestremo è che non capiamo mai veramente
come dobbiamo applicare la pratica nella vita quotidiana.Se capiamo
il senso di una determinata pratica (se capiamo come funziona e il
suo scopo), nonavremo più bisogno di un´altra persona che ci
spieghi come applicarla nella vita quotidiana.Capiremo e sapremo noi
stessi come applicarla.
Quando diciamo di
eliminare i nostri problemi, questo non vuol dire eliminare solo i
nostriproblemi personali. Significa anche liberarci dalle difficoltà
che abbiamo nell’aiutare gli altri. “ Ho difficoltà ad aiutare
gli altri per via della pigrizia o dell´egoismo o perché sono
troppooccupato.” Oppure: “Non capisco quale sia il tuo problema e
non ho la minima idea di come potreiaiutarti.” È questa la grande
difficoltà che abbiamo, vero? Tutti questi problemi che c’i
mpedisconodi aiutare gli altri sorgono ugualmente per via della
nostra confusione. Questo stato confuso cipuò far pensare di dover
essere come Dio onnipotente: “Basterà che faccia un’unica cosa e
questorisolverà tutti i tuoi problemi, e se non li risolve, l’errore
sta sicuramente dalla tua parte. Nonti sei comportato nel modo
corretto, e quindi sei colpevole.” Oppure siamo noi a provare sensi
dicolpa: “Avrei dovuto essere in grado di risolvere i tuoi
problemi, ma non ci sono riuscito. Sono unbuono a nulla.” Anche in
questo caso, c´è confusione rispetto alle cause e agli effetti.
La
convinzione nel Dharma
Un altro punto:
per applicare il Dharma in modo efficace e non-neurotico nella
vitaquotidiana, dobbiamo anche essere convinti che è possibile
liberarci dai nostri problemi. Dobbiamoavere la convinzione che
effettivamente possiamo eliminare la nostra confusione usando
l´approcciobuddhista: per eliminare qualcosa, dobbiamo sbarazzarci
delle cause che la producono. Ovviamente, èmolto difficile
sviluppare una profond a, ferma convinzione c he è
possibile eliminare la nostra confusione in modo che non torni mai
più. È altrettantodifficile ottenere la convinzione che è
possibile raggiungere la liberazione e l´illuminazione.
Èparticolarmente difficile da ottenere se non capiamo nemmeno in che
cosa consistono la liberazionee l´illuminazione. Come potremmo
pensare seriamente alla questione se questi stati possono
essereraggiunti oppure no, se non sappiamo nemmeno in cosa
consistono? E se pensiamo che non possonoessere raggiunti, non
sarebbe un po’ ipocrita cercare di ottenere uno stato che pensiamo
non esistanemmeno? Se le cose stanno così, è come se stessimo
giocando a un gioco un po’ pazzo. Non stiamopiù praticando
realmente il Dharma.
Dobbiamo essere
realmente convinti e, per raggiungere questa convinzione, ci vogliono
moltostudio, molta comprensione, molte riflessioni profonde e
meditazione. Non basta essere convinti chela liberazione e
l´illuminazione siano possibili; dobbiamo anche essere convinti che
noi stessipossiamo raggiungere questi stati. Non che Shakyamuni sia
stato l’unico a poterli realizzare mentrenoi non ne siamo capaci.
Anche noi possiamo raggiungere la liberazione e l´illuminazione,
tutti nesono capaci. Dobbiamo capire cosa occorre fare per liberarci
dalla confusione. Qual è l´antidotocon cui eliminare la confusione?
È la comprensione corretta a liberarci dalla confusione.
Perciò,dobbiamo capire come la comprensione corretta può superare
la confusione ed eliminarla in modo chenon torni mai più. Tutto
questo ci fa capire che il vero “ laboratorio” nel quale si
pratica ilDharma è la vita quotidiana. Praticare il Dharma significa
gestire i problemi, la confusione, ledifficoltà che dobbiamo
affrontare nella vita, momento per momento.
La
pratica del Dharma richiede introspezione
Praticare il
Dharma non significa semplicemente offrirsi una vacanza dalla nostra
vita; nonsi tratta soltanto di ritirarci in una bella grotta
tranquilla, o nella nostra stanza, permeditare, per sederci su un
cuscino e fuggire dalle nostre responsabilità. La pratica del
Dharmanon pone l’a ccento sulla fuga. Quando ci ritiriamo in un
luogo tranquillo per meditare, lo facciamoper sviluppare le capacità
che ci permetteranno di affrontare le nostre difficoltà. La cosa
piùimportante sulla quale focalizzarci è la vita. È questo che
importa veramente, non di vincere lamedaglia olimpica dello stare
seduto e del meditare! Praticare il Dharma significa applicare
ilDharma nella vita.
Inoltre, la
pratica del Dharma è introspettiva. Cerchiamo di essere attenti ai
nostri statiemotivi, alle nostre motivazioni, ai nostri atteggiamenti
mentali, agli schemi compulsivi delnostro comportamento.
Particolarmente, dobbiamo stare attenti alle nostre emozioni
disturbanti. Lacaratteristica che definisce un´emozione o un
atteggiamento disturbante è che fa sentire a disagionoi stessi e/o
gli altri quando si manifesta. Perdiamo la nostra pace mentale e ci
sfugge ilcontrollo di noi stessi. Questa definizione è molto utile,
perché il fatto di conoscerla ci aiuta arenderci conto di quando
siamo influenzati da una tale emozione o atteggiamento. Se ci
sentiamo adisagio a livello emotivo e mentale, questo c’indica che
qualcosa di disturbante sta avvenendonella nostra mente. In momenti
di questo genere, dobbiamo verificare cosa sta succedendo dentro
dinoi e applicare gli antidoti per correggere la situazione.
Per questo è
necessario essere molto coscienti di quello che sta succedendo in
noi. Permodificare il nostro stato emotivo, quando ci rendiamo conto
che è disturbante, dobbiamocomprendere che se agiamo in modo
disturbato o disturbante, questo creerà molta infelicità sia pernoi
stessi sia per gli altri. Non vogliamo questo, ne abbiamo avuto
abbastanza. E se siamo fuoricontrollo, come potremo aiutare gli
altri?
Flessibilità
Praticare il
Dharma richiede familiarità con molte forze opposte, non solo una o
due. Lenostre vite sono molto complesse e un unico antidoto non
funzionerà in tutti i casi. Unadeterminata pratica non sarà la più
efficace in ogni singola situazione. Essere proprio in grado
diapplicare le cose nella vita quotidiana richiede molta flessibilità
e molti metodi differenti. Sequesto metodo non funziona, allora
usiamo quello, e se quello non funziona, allora proviamo quest’altro.
Il mio maestro
Tsenciab Serkong Rinpoche diceva che quando si cerca di fare qualcosa
nellavita, bisogna sempre avere due o tre piani alternativi. Così,
se il piano A non funziona, non ciscoraggiamo. Questo perché abbiamo
già studiato altri piani di riserva, B e C. Alla fine, uno diquesti
piani funzionerà. Ho trovato questo consiglio molto utile. È la
stessa cosa con il Dharma:se il metodo A non funziona in una
determinata situazione, abbiamo altri piani di riserva. Ci sonoaltri
metodi che possiamo usare. Tutto questo ovviamente è basato sullo
studio, l’a pprendimento divari metodi e meditazioni, che poi
pratichiamo per prepararci alle situazioni reali, come in
unaddestramento fisico. Ci alleniamo per familiarizzarci con questi
metodi, in modo da poterliapplicare quando ne abbiamo bisogno nella
vita quotidiana. Per riuscirci, non dobbiamo considerarela pratica
del Dharma come un hobby, ma piuttosto come un impegno a tempo pieno.
Evitare
gli estremi
La pratica del
Dharma va applicata nelle nostre famiglie. Va applicata nei rapporti
con inostri genitori, con i nostri figli e quando interagiamo con le
persone che incontriamo al lavoro.Nel fare questo, dobbiamo evitare
gli estremi. Ne abbiamo già parlato un po’. Dobbiamo evitare
l’estremo di dare tutta la colpa agli altri, ma anche l’estremo
di dare tutta la colpa a noi stessi:tutti e due i lati
contribuiscono. Possiamo cercare di cambiare gli altri, ma è più
facile cambiarenoi stessi.
L´accento è
posto sul miglioramento personale. Tuttavia dobbiamo cercare
d’evitare l’e stremodell´ansia egocentrica e narcisistica. Con
un’ansia egocentrica, ci preoccupiamo sempre e soltantodi noi
stessi e non pensiamo agli altri. Questo può rafforzare il
sentimento che siamo noi ilcentro dell´universo e che i nostri
problemi sono i più importanti al mondo. I problemi degli altrinon
sono importanti o non fanno testo.
Un altro estremo è
di pensare che siamo completamente cattivi o completamente buoni. È
veroche dobbiamo riconoscere i nostri lati difficili, i lati sui
quali dobbiamo lavorare. Ma dobbiamoanche riconoscere i nostri lati
positivi, le nostre qualità, in modo che possiamo svilupparlisempre
di più. Molti di noi occidentali abbiamo una bassa autostima. Se ci
concentriamo troppo suinostri problemi e sulla nostra confusione,
questo può rafforzare la nostra bassa autostima. Non èper niente
questo il nostro scopo.
Dobbiamo stare
attenti alle nostre emozioni disturbanti, ma, allo stesso tempo,
percontrobilanciare le cose, dobbiamo ricordarci le nostre qualità
positive. Persino le persone piùcrudeli hanno qualche volta
sperimentato qualità positive. Probabilmente hanno tenuto in grembo
uncucciolo di cane o un giovane gatto, accarezzandolo e provando un
po’ d’affetto per lui. Quasitutti hanno avuto quest´esperienza.
In questo modo, ci rendiamo conto che siamo capaci di dare unpo’ di
affetto, e così, vediamo anche i nostri lati positivi. Praticare il
Dharma non significasoltanto lavorare sui nostri lati negativi;
dobbiamo procedere in modo equilibrato. Dobbiamo anchelavorare per
rafforzare i nostri lati positivi.
Quando cerchiamo
di considerare in modo bilanciato i nostri difetti e le nostre
qualità,dobbiamo evitare un´altra serie di estremi. Uno di questi
estremi è la cattiva coscienza. “ Sono
unanullità. Dovrei praticare, ma dato che non sto
praticando, sono ancora peggio di quello che pensavo.”
Questaparola dovrei va eliminata dal nostro modo di
considerare la pratica del Dharma. Non è mai una questione di“
dovere.” Se vogliamo liberarci dalle nostre difficoltà ed evitare
ulteriori difficoltà in futuro,l’a tteggiamento più sano è
quello di pensare, semplicemente: “Se voglio liberarmi dal mio
problema,questa pratica mi permetterà di farlo.” Poi, se facciamo
la pratica o no è una scelta nostra.Nessuno ci dice “ Devifare
questo, e se non lo fai, sei una persona cattiva.”
Ma dobbiamo anche
evitare l´altro estremo, che è quello di pensare: “Siamo tutti
perfetti.Basta riconoscere la nostra natura di Buddha, e tutto è
perfetto.” Questo è un estremo moltopericoloso, perché ci può
far credere che non abbiamo bisogno di cambiare. Ci può far pensare
chenon abbiamo bisogno di abbandonare i nostri modi negativi di agire
perché siamo già perfetti.Dobbiamo evitare ambedue gli estremi: sia
il sentimento che siamo cattivi, sia il sentimento chesiamo perfetti.
Fondamentalmente, dobbiamo assumerci le nostre responsabilità. È
questa la chiaveprincipale per integrare il Dharma nella nostra vita
quotidiana. Ci assumiamo la responsabilità dinoi stessi, per fare
qualcosa riguardo la qualità della nostra vita.
Ispirazione
Mentre lavoriamo
su noi stessi, possiamo essere ispirati da maestri spirituali e
dallacomunità di altre persone che praticano con noi. Tuttavia, per
la maggior parte delle persone,storie fantastiche su maestri che
sapevano volare nei cieli molti secoli fa, non sono un modostabile
per trarre ispirazione dai maestri. Queste storie sono troppo remote
dalle esperienze dellanostra vita quotidiana e tendono a farci
fantasticare. È meglio avere esempi viventi con i qualiavere un
contatto diretto, anche se minimo.
I Buddha o maestri
veramente qualificati non cercano d’impressionarci, e nemmeno d’i
spirarci.L’esempio è che sono come il sole. Il sole non cerca di
riscaldare le persone, è semplicemente ilsuo modo di essere che, in
modo naturale, riscalda gli altri. Questo vale anche per i
grandimaestri spirituali. Il loro modo di vivere, il loro carattere,
il loro modo di risolvere i problemic’ispirano in modo spontaneo e
naturale. Non si tratta di trucchi magici. Sono cose realistiche
econcrete a essere quelle che c´ispirano di più.
Mi ricordo di
Dudjom Rinpoche. Morì molti anni fa. Era a capo del lignaggio
Nyingma e uno deimiei maestri. Soffriva terribilmente di asma.
Anch’io soffro di asma e quindi so bene cosa vuoldire avere
difficoltà a respirare. So quant´è difficile insegnare quando non
si può respirarenormalmente, perché tutta la nostra energia si
focalizza su noi stessi, per prendere abbastanzaaria. In quel tipo di
situazione, è molto difficile dirigere la propria energia verso l’e
sterno.Tuttavia, ho visto Dudjom Rinpoche con un asma terribile
salire sul palco e dare insegnamenti. L’asma non lo disturbava per
niente, la gestiva in modo incredibile mentre dava degli
insegnamentimagnifici. Questo mi ha ispirato notevolmente. Era una
cosa molto concreta, senza grandi trucchimagici. Era il modo nel
quale ha gestito una situazione della vita reale, ed è questo
cheispira.
Quando vediamo che
facciamo progressi lungo il sentiero spirituale, possiamo anche
essereispirati da noi stessi. Anche questa è una fonte importante
d’ispirazione. Siamo ispirati dalnostro progresso. Tuttavia,
dobbiamo stare molto attenti: la maggior parte delle persone non
ècapace di gestire questo fattore al livello emozionale, perché
abbiamo la tendenza a diventarefieri e arroganti quando facciamo
progressi. Perciò, dobbiamo definire attentamente cosa intendiamocon
la parola progresso.
Progredire
lungo il sentiero
Anzitutto,
dobbiamo comprendere che il progresso non è mai lineare: va su e giù
e ancora su egiù. Questa è una delle caratteristiche principali del
samsara e non riguarda soltanto l’a lternanzatra rinascite
superiori e inferiori. Anche nella vita quotidiana andiamo su e giù.
Ora mi sentofelice, ora mi sento infelice. Il nostro umore cambia,
sale e scende. Ora, ho voglia di praticare,ora non ho più voglia di
praticare. Queste cose vanno costantemente su e giù, non bisogna
essernesorpresi. Le cose continueranno in questo modo finché non
avremo raggiunto lo stato di un arhat, diun essere che si è liberato
dal samsara. Fino a quel punto, che è incredibilmente avanzato,
ilsamsara continuerà ad andare su e giù. Quindi non scoraggiatevi,
se per esempio, dopo averpraticato per molto tempo, tutto a un
tratto, sorgono delle difficoltà con il vostro partner. Tuttoa un
tratto, sperimentiamo un subbuglio emotivo: queste cose capitano! Non
significa che siamo deipessimi praticanti. Queste cose capitano in
modo naturale, per via della realtà della nostracondizione
samsarica.
Solitamente, non
ci sono miracoli nella pratica del Dharma. Se vogliamo applicare il
Dharmanella nostra vita quotidiana, non dobbiamo aspettarci dei
miracoli, soprattutto al livello in cuisiamo ora. Qual è il modo per
misurare i nostri progressi realisticamente? Sua Santità il
DalaiLama dice che non dobbiamo misurare i nostri progressi su un
arco di un solo anno o due di pratica.Piuttosto, considerate cinque o
dieci anni di pratica e controllate: “Sono una persona più calma
dicinque o dieci anni fa? Oggi, sono capace di gestire meglio le
situazioni difficili, senza perderecosì facilmente i nervi, come
accadeva dieci anni fa?” Se la risposta è positiva, abbiamo
fattoprogressi e questo c´ispira. Abbiamo ancora dei problemi, ma il
fatto di avere progredito ci dà laforza di proseguire. Non ce la
prendiamo così tanto quando in situazioni difficili le cose
vannomale. Siamo capaci di recuperare più rapidamente.
Quando dico che
possiamo diventare la nostra fonte d’ispirazione, la cosa più
importante èche quest’ispirazione ci dia la forza di continuare
lungo il sentiero. Questo perché siamo convintiche ci stiamo
muovendo nella direzione giusta. E possiamo essere convinti d’andare
nella direzionegiusta se abbiamo una conoscenza realistica di cosa
voglia dire muoverci in quella direzione:significa che mentre andremo
in quella direzione generale, continueremo ad avere alti ebassi.
Queste sono alcune
idee generali su come integrare la pratica del Dharma nella
vitaquotidiana. Spero che possano essere utili. Grazie.